En 2023, 87 % des voyageurs affirment privilégier des options éco-responsables lors de la planification de leurs déplacements, selon une étude Booking.com. Pourtant, moins de 30 % exploitent réellement les outils numériques conçus pour réduire leur empreinte carbone.
Capteurs omniprésents, algorithmes affutés, communautés connectées : la logistique du tourisme n’a plus grand-chose à voir avec celle d’il y a dix ans. Mais sur les bilans carbone, la greffe n’a pas totalement pris. L’innovation numérique avance au pas de course, les promesses s’empilent. Mais la marche reste haute entre la volonté affichée sur les plateformes et l’usage concret des solutions, une fois sur la route.
Tourisme et transition écologique : où en sommes-nous vraiment ?
Difficile désormais de faire l’impasse sur l’empreinte du tourisme. Le flot des voyageurs internationaux ne faiblit pas, creusant l’écart entre loisirs et pression sur l’environnement. Pourtant, sur des territoires comme Barcelone ou Amsterdam, la régulation des flux s’invente en version high-tech : des réseaux de capteurs, de l’intelligence artificielle et de la donnée à tous les étages orientent les visiteurs, lissent la fréquentation, préviennent la saturation. À la clé : une vraie défense des quartiers fragiles, sans sacrifier l’expérience.
Quelques leviers concrets sont mobilisés par ces destinations précurseurs :
- La Smart City déploie des transports sobres, pilote le trafic en temps réel et mise sur des formes de mobilité douce.
- Des plateformes comme Murmuration ou MyGreenTrip rendent possible le calcul des émissions de gaz à effet de serre et alertent en direct le voyageur sur son impact.
- La solution Carbon Tracker permet de suivre chaque étape du trajet pour une estimation affinée des émissions de CO2.
Remettre la technologie au service du bon sens reste cependant un défi d’équipe. Sans implication forte des villes, des pros et des citoyens, la promesse du tourisme durable s’effiloche. Exemple : l’ONU impulse de nouveaux programmes où la durabilité devient centrale, notamment à l’Excelia Hotel & Tourism School. Désormais, la sélection d’une destination, d’un hébergement ou d’une activité tient compte des critères environnementaux. C’est autant la loi que la pression sociale, ou la quête de sens, qui impose cette mutation du secteur.
Quelles technologies transforment déjà nos façons de voyager de manière durable ?
Difficile, désormais, d’imaginer un déplacement qui ne s’appuie pas sur la data. L’intelligence artificielle peaufine l’expérience, ajuste les recommandations, répond aux attentes par chatbots interposés sans limitation d’horaire, et fluidifie réservations ou check-in. Les outils prédictifs analysent sans relâche les mouvements, ajustent les volumes, évitent la cohue.
Avant même de partir, la réalité virtuelle ou la réalité augmentée proposent un avant-goût, dessinent les parcours, modélisent les sites, détectent les plages horaires à faible affluence. Sur place, des applications personnalisent la balade, informent selon le profil ou l’historique, suppriment le recours au papier et aux brochures jetables.
Autrefois accessoire, le smartphone concentre géolocalisation, paiements, réservation, informations sécurité. L’internet des objets transforme les hôtels en bâtiments intelligents : la température s’autorégule, la lumière s’adapte, le suivi des bagages se fait en temps réel. Au passage, la consommation d’énergie s’allège, le gaspillage recule.
Dans l’espace urbain, la Smart City propose des transports publics propres, des flottes électriques et, bientôt, autonomes. Les plateformes pilotes la recommandation pour aider à choisir des options responsables. Côté sécurité et fidélisation, la blockchain s’invite pour fluidifier les transactions et renforcer la confiance. Toutes ces avancées redéfinissent les usages du voyage, sans exiger le moindre renoncement côté expérience.
Voyager autrement : innovations concrètes pour un tourisme plus responsable
Changer de perspective, c’est aussi miser sur la personnalisation. Certaines solutions construisent des itinéraires faits pour éviter la foule, et adaptent les recommandations en direct. À Barcelone ou Amsterdam, la gestion intelligente des flux adapte la fréquentation selon les heures, pour préserver sites et habitants tout en améliorant l’accueil.
Au cœur même du patrimoine, la technologie devient médiatrice. MySmartJourney transforme les simples panneaux en portails interactifs, accessibles depuis n’importe quel téléphone. À l’Alhambra à Grenade ou à Arromanches, la réalité augmentée raconte l’histoire sans même toucher aux lieux ; des bornes de réalité virtuelle comme celles de Timescope invitent à remonter le temps, tout en laissant l’environnement intact.
Les usages évoluent également du côté du paiement et des programmes de fidélité : certains pays misent sur la cryptomonnaie dans le tourisme, des compagnies tentent la fidélité décentralisée à travers la blockchain. Le métavers touristique suscite de nouvelles envies : pré-visites virtuelles, expériences immersives hybrides, un secteur en pleine effervescence, entre création de nouveaux métiers et structuration de toute une filière numérique.
Vers de nouveaux comportements : la technologie peut-elle réconcilier mobilité et respect de l’environnement ?
Les lignes bougent vite : demain, les trains de l’Hyperloop fileraient à haute vitesse propulsés aux énergies renouvelables. Les voitures autonomes, électriques ou à hydrogène, pourraient s’imposer en alternative crédible à la voiture thermique. Désormais, chaque déplacement se quantifie, se compare, s’optimise. Les outils qui calculent l’empreinte carbone sont accessibles en quelques clics.
Les villes intelligentes multiplient réseaux propres et logistique sur-mesure. Les expérimentations en cours montrent qu’il devient possible de limiter la saturation, de gérer en finesse la fréquentation et d’augmenter la satisfaction globale. L’intelligence artificielle, de son côté, n’en finit pas de personnaliser l’accompagnement et d’ajuster, en temps réel, l’offre disponible.
L’enjeu des années à venir ne sera pas seulement la technologie : la gestion des données, l’exigence du respect de la vie privée, s’installent au cœur du débat. Avec le RGPD, impossible d’ignorer l’usage des informations collectées, mais ces données sont la clef qui motive toutes ces innovations. Ce secteur, qui fut longtemps l’un des plus traditionnels, prend ainsi un virage qui ne se fera pas à moitié. Voyager sans altérer la planète ? La technologie donne le cap, mais la destination finale dépendra aussi de nos arbitrages les plus simples.


